
Le jeûne thérapeutique est une pratique ancienne dont les bénéfices sont aujourd’hui bien documentés : réduction de l’inflammation systémique, stimulation de l’autophagie, amélioration du métabolisme insulinique, optimisation de l’absorption digestive post-jeûne… Cependant, son application chez les personnes présentant une ostéoporose confirmée ou un terrain déminéralisé devrait faire l’objet d’une adaptation rigoureuse.
Un effet potentiellement ambivalent sur le métabolisme osseux
Sur le plan endocrinien, le jeûne peut favoriser la sécrétion d’hormone de croissance (GH et d’IGF-1), deux facteurs impliqués dans l’anabolisme osseux. Il peut également améliorer l’absorption intestinale de certains micronutriments à la reprise alimentaire, notamment le calcium, le magnésium et les acides aminés indispensables à la synthèse du collagène et à la minéralisation osseuse.
Cependant, au-delà de quelques jours, des mécanismes contre-productifs peuvent apparaître :
- La restriction calorique prolongée, surtout en contexte de faible poids ou de pré-ménopause, peut entraîner une baisse des œstrogènes, hormones clés dans la prévention de la perte osseuse trabéculaire.
- Les jeûnes hydriques prolongés, et a fortiori les jeûnes secs, favorisent une mobilisation des minéraux osseux (calcium, phosphore, magnésium) en réponse à l’acidose tissulaire, accentuant le catabolisme osseux si les réserves sont insuffisantes.
- D’un point de vue ayurvédique, un tissu osseux affaibli (Asthi Dhatu) est souvent corrélé à un déséquilibre Vata : sécheresse, déminéralisation, instabilité métabolique. Le jeûne, s’il n’est pas accompagné de mesures de soutien, risque d’aggraver ce terrain.
Complémentation ciblée durant le jeûne
Les sujets ostéoporotiques ou ostéopéniques peuvent jeûner mais toute démarche de jeûne – même courte – devrait être associée à une complémentation stratégique pour éviter les pertes minérales et soutenir les processus de reconstruction :
- Magnésium (bisglycinate ou malate) : cofacteur de la calcification osseuse, essentiel à la synthèse de la PTH et au métabolisme du calcium.
- Vitamine D3 et K2 : la D3 optimise l’absorption intestinale du calcium, la K2 dirige ce calcium vers la matrice osseuse et non les tissus mous.
- Silice organique : rôle clé dans la structuration du collagène et la densité osseuse.
- Oligo-éléments (zinc, cuivre, manganèse) : coenzymes nécessaires à la minéralisation et à la stabilité des structures conjonctives.
- Collagène hydrolysé (si jeûne non strict) : apport en acides aminés spécifiques (glycine, proline, lysine) indispensables à la matrice extracellulaire osseuse.
Recommandations pratiques
Si vous êtes concerné par l’ostéoporose :
- Préférez des jeûnes courts, de 24 à 96 heures, bien encadrés et idéalement au printemps ou en automne.
- Ayez une hydratation abondante, alcalinisante et reminéralisante : bouillons de légumes, infusions riches en silice et minéraux (ortie, prêle, bambou) et à visée hépatique (romarin, artichaut, desmodium).
- Anticipez la reminéralisation plusieurs semaines avant le jeûne, avec un apport régulier en protéines de qualité, minéraux biodisponibles et acides gras essentiels.
- Prévoyez une reprise alimentaire doit être progressive, nourrissante et riche en cofacteurs osseux : légumes cuits, oléagineux entiers, purée d’oléagineux, protéines animales ou végétales bien tolérées, bouillons, herbes riches en calcium et en silice.
Idéalement, faites vous accompagner, surtout si c’est une première, par un professionnel formé à au jeûne. Vous les trouverez au sein de la FFJR dont je fais partie.
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