Le jeûne, pratiqué depuis des siècles à des fins spirituelles, médicales et culturelles, est étudié aujourd’hui notamment pour ses bienfaits potentiels sur le système immunitaire et la santé cellulaire.

Mécanismes de l’autolyse cellulaire et ses répercussions sur le système immunitaire

L’autophagie est un processus normal de nettoyage cellulaire inné. Avec les années, son activité diminue. C’est probablement l’une des raisons pour lesquelles la plupart des problèmes de santé chroniques surviennent après 50 ans. Il serait possible que la majorité des maladies chroniques les plus fréquentes de nos jours, comme le diabète de type 2, l’obésité, certaines maladies cardio-vasculaires ou intestinales et même l’arthrose, soient liées à une insuffisance ou à un dysfonctionnement du processus autophagique.
On sait depuis les années 1960 que le jeûne augmente l’autophagie, mais ce n’est qu’en 2016, grâce aux travaux du chercheur japonais Yoshinori Ohsumi, que l’on en a compris les mécanismes (1).

L’autophagie est stimulée par le jeûne. Lors d’une privation de nourriture, le corps entre dans un état d’autolyse cellulaire, un processus où les cellules endommagées ou les substances indésirables sont dégradées pour fournir de l’énergie au métabolisme. Ce phénomène favorise la régénération des tissus et le nettoyage en profondeur des composants cellulaires dysfonctionnels.
Et plus le jeûne se prolonge, plus l’autophagie s’amplifie, et plus grand est le ménage. Il s’agit donc de l’un des grands avantages de la pratique du jeûne.

« L’organisme n’ayant pas à assimiler, il peut se consacrer uniquement à ses fonctions d’élimination et de régénération. » Dr Ribollet
« Les forces, au lieu d’être accaparées par le travail digestif, restent entières pour l’accomplissement des neutralisations toxiques. » Dr Paul Carton

Régénération immunitaire en 72 heures de jeûne

Dans une étude de 2014, Valter Longo, professeur de gérontologie et de biologie à l’Université de Californie du sud et ses collègues découvrent que le jeûne de 72 heures provoque un changement majeur dans le système de création des cellules sanguines(2). Les cellules-souches hématopoïétiques se mettent à se multiplier pour régénérer le système immunitaire.

Plus de globules blancs
Priver le corps de nourriture pendant trois jours contraindrait la moelle osseuse à produire de grandes quantités de globules blancs qui combattent les infections. Jeûner lance un processus de régénération. « Cela donne le feu vert à la moelle osseuse pour reconstruire l’ensemble du système immunitaire » explique Valter Longo.
« Et la bonne nouvelle est que le corps se débarrasse des parties du système immunitaire abîmées ou âgées et inefficaces, pendant le jeun. Et si vous partez d’un système fortement endommagé par une chimiothérapie ou le vieillissement, les cycles de jeûne peuvent permettre de créer, littéralement, un nouveau système immunitaire ».

Les jeûnes prolongés contraignent en fait le corps à consommer ces réserves de glucoses et de graisses mais aussi détruisent une proportion importante des globules blancs. « Quand vous vous privez de nourriture, le corps essaye d’économiser l’énergie dépensée et pour cela recycle un grand nombre de cellules du système immunitaire qui ne sont pas indispensables, notamment celles qui sont abimées ».

Ainsi, pendant le jeûne, on observe alors une diminution du nombre des globules blancs, composantes clé du système immunitaire, mais les cellules qui disparaissent sont en priorité les cellules endommagées, ce qui invite le système immunitaire à produire de nouveaux globules blancs. En effet, une fois que l’individu se réalimente à nouveau, le taux de globules blancs revient à la normale.

Moins de PKA
Le jeûne a aussi un autre effet bénéfique, il réduit la présence dans le corps de l’enzyme PKA qui est liée au vieillissement et augmente les risques de cancer et de croissance des tumeurs.

Selon Valter Longo, un seul cycle de 3 à 5 jours de jeûne tous les 6 mois devrait suffire à une personne en bonne santé pour régénérer son système immunitaire.

« Cela (le jeûne) donne le feu vert à la moelle osseuse pour reconstruire l’ensemble du système immunitaire abîmées ou âgées et inefficaces, pendant le jeûne. Et si vous partez d’un système fortement endommagé par une chimiothérapie ou le vieillissement, les cycles de jeûne peuvent permettre de créer, littéralement, un nouveau système immunitaire. » Valter Longo

Moins d’IGF-1

Des épisodes de jeûnes ont montré un changement bénéfique dans les signaux de transduction des cellules souches responsables de générer les cellules sanguines ainsi que celles du système immunitaire. Ceci résultant sur une régénération du système immunitaire. Un jeûne prolongé réduit les niveaux d’IGF-1, une hormone de croissance liée au processus du vieillissement, la progression tumorale et le risque de cancer en général(3).

En conclusion, les avancées scientifiques actuelles mettent en lumière le jeûne comme un outil potentiellement puissant pour favoriser la régénération cellulaire et stimuler le système immunitaire. Malgré ces découvertes prometteuses, il est crucial de souligner que le jeûne prolongé peut ne pas convenir à tout le monde et doit être abordé avec précaution, surtout pour les personnes souffrant de conditions médicales préexistantes.

Pour aller plus loin : Comment fonctionne votre système immunitaire
Système immunitaire et arthrose
Système immunitaire et réponses de la naturopathie dossier complet

(1) Yoshinori Ohsumi, prix Nobel de médecine 2016, recherches sur l’autophagie
(2) Longo Valter et al (2014), Cell Stem Cell, Volume 14, Issue 6, p810–823, 5 June 2014, Prolonged Fasting Reduces IGF-1/PKA to Promote Hematopoietic-Stem-Cell-Based Regeneration and Reverse Immunosuppression
Longo VD, Lee C, Raffaghello L, (2012) Drug Resist Updat. 2012 Feb-Apr;15(1-2), Starvation, detoxification, and multidrug resistance in cancer therapy.
Longo Valter (2013), Fasting Cycles Retard Growth of Tumors and Sensitize a Range of Cancer Cell Types to Chemotherapy, US National Library of Medicine, National Institutes of Health.
Longo Valter, Mattson Mark P. (2014), Fasting : Molecular mechanisms and clinical applications
(3)Chia-Wei Cheng, Gregor B. Adams, Laura Perin, Min Wei, Xiaoying Zhou, Ben S. Lam, Stefano Da Sacco, Mario Mirisola, David I.Quinn, Tanya B.Dorff, John J.Kopchick, Valter D.Longo, 2014, Prolonged Fasting Reduces IGF-1/PKA to Promote Hematopoietic-Stem-Cell-Based Regeneration and Reverse Immunosuppression, Cell Stem Cell
Changhan Lee, Lizzia Raffaghello, Sebastian Brandhorst, Fernando M. Safdie, Giovanna Bianchi, Alejandro Martin-Montalvo, Vito Pistoia, Min Wei, Saewon Hwang, Annalisa Merlino, Laura Emionite, Rafael de Cabo, and Valter D. Longo, 2012, Fasting Cycles Retard Growth of Tumors and Sensitize a Range of Cancer Cell Types to Chemotherapy, Sci Transl Med

Partager sur Facebook Publié le 28 décembre 2023 par Laura Azenard.

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